Une priorisation facile des besoins

Avez-vous déjà entendu parler de la pyramide de Maslow ?

(Pyramide de Maslow volée sur le blog my-psychologie.com)

Inventé par Abraham Maslow il y a quelques décennies, c’est une représentation imagée des besoins, ordonnés verticalement par ordre de priorité. Cette pyramide est parfois décriée, souvent jugée incomplète, et relativement simpliste, mais rigueur scientifique mise à part, je trouve qu’elle joue très bien son rôle en tant qu’outil : La pyramide de Maslow est en fait une to-do liste à garder affichée dans sa chambre, pour vérifier dans le bon ordre, si tout va bien quand on a un doute.

L’image d’une pyramide, plutôt qu’une simple liste, ou qu’un graphique en barres, porte un message intéressant. Chaque étage repose sur tous les précédents. On ne peut pas vraiment se demander si notre besoin d’accomplissement est assouvi, si on ne se sent pas du tout en sécurité. On risque d’avoir des difficultés à régler nos problèmes relationnels et à épancher nos besoins d’appartenance, si on n’arrive pas à respirer correctement. Et ainsi de suite… Bien sûr, les étages de la pyramide ne nécessitent pas que l’étage du dessous soit complet pour pouvoir être mis en place, et une petite fêlure dans un étage ne fait pas s’effondrer tout ce qui le surplombe. Mais néanmoins, avoir cette pyramide en tête me paraît être une heuristique pertinente dans trois situations.

Se demander « Comment ça va ? »

Lorsqu’on se demande sincèrement comment «ça va», et qu’on creuse un peu, on peut toujours trouver plusieurs, des dizaines souvent, des centaines parfois, de petites choses qui nous tracassent, qui nous prennent de l’énergie, ou qui nous causent des émotions. De la plus émotionnelle et signifiante («j’ai peur de…», «cette période de l’année me rappelle…»), à la plus pragmatique («Le frigo fait du bruit.», «Ça me gratte légèrement la joue»). Pour savoir laquelle de ces choses attaquer en premier, imaginer la pyramide et essayer simplement de classer toutes ces choses chacune à son étage permet souvent de réaliser que certains problèmes, si ils étaient réglés, permettraient de régler beaucoup plus simplement les suivants.

Gérer une situation de crise

Gérer une situation de crise, que ce soit la sienne, ou celle de quelqu’un d’autre, est souvent une expérience relativement complexe lorsqu’on n’a pas de formation spécifique au type de crise rencontrée. (PSC pour les crises «physique», PSSM pour les crises «psychologiques», et ainsi de suite…). Il y a énormément à dire sur les crises, et cette pyramide n’est évidemment pas une méthode. Mais à défaut d’avoir mieux, c’est intéressant de garder en tête que pour s’occuper de quelqu’un qui fait une crise de panique, pour calmer une crise de groupe, ou pour toute autre situation ou l’urgence et l’intensité émotionnelle empêche de réfléchir calmement, on peut simplement vérifier graduellement en montant lentement les étages de la pyramide que «tout va bien».

Comprendre une émotion particulière

Le système émotionnel est parfois très transparent. Les peurs par exemple sont souvent dirigées vers un objet spécifique, et il suffit de se concentrer pour en repérer la cause. Mais parfois au contraire, il est très opaque. Dans le cadre de la colère ou de la tristesse notamment, il arrive souvent qu’une émotion survienne sans que l’on sache pourquoi, ou du moins pourquoi avec une telle intensité. Lorsqu’une émotion n’a pas d’explication évidente, ou que son intensité semble démesurée vis à vis du contexte qui semble l’avoir produite, c’est souvent intéressant d’essayer d’en replacer la cause dans la pyramide de Maslow, ou bien de parcourir la pyramide en cherchant ce qui pourrait en être la cause. Par exemple, il y a récemment eu de grosses pluies dans ma ville, et j’ai découvert à cette occasion une fuite dans mon toit, qui en coulant a abîmé un livre que j’avais laissé sur mon canapé. Les livres sont précieux à mes yeux, mais l’intensité de l’abattement que j’ai ressenti n’avait rien à voir avec la gravité de la situation vis à vis du livre, ni des fuites. Il suffirait de mettre un seau et d’appeler une compagnie de toiture… Ce n’est qu’avec beaucoup de recul et en contemplant la pyramide que j’ai réalisé que la fuite n’était pas un inconvénient comme un autre, c’était une brèche dans ma maison, c’était une fêlure dans ma sécurité, et qu’en tant que telle, elle avait une gravité ressentie bien plus importante que n’aurait eu une autre fuite autre part.
En résumé, la pyramide de Maslow est une jolie image, qui permet parfois d’avoir rapidement une vision plus claire de certaines choses. Je rappelle toutefois que ce n’est qu’une heuristique, et que bien que très utile, elle ne doit pas être prise trop à coeur dans des décisions importantes. Ce n’est qu’une heuristique utile à garder en tête.

Quoi qu’il en soit, prenez soin de vous 🙂